Même si un certain nombre d’agents immobiliers continuent à travailler, en particulier les agences immobilières à distance comme imkiz, les ventes en cours sont suspendues en raison de l’impossibilité de réaliser des visites, de faire des diagnostics mais aussi de signer les actes chez votre notaire.
Concernant ce dernier point les choses sont en train de changer avec la publication au Journal officiel du
décret n° 2020-395 du 3 avril 2020 qui autorise la réalisation d’actes notariés par comparution à distance pendant la crise sanitaire.
Comment est-ce que cela fonctionne ? Est-ce que tous les notaires sont en mesure de le faire ? Est-ce que la situation est revenue à la normale ?
Les enjeux de la mise en place d’une signature à distance d’une vente immobilière ?
Comme le précisait Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, l’objectif de ce décret est d’apporter une solution pour que le secteur puisse poursuivre son activité et de rassurer les personnes engagées dans un processus de vente.
Ce décret répond clairement également aux appels de Jean Marc Torrollio, président de la fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), qui considérait que le blocage de la signature des actes authentiques par les études notariales, coupait littéralement l'accès au logement pour les acquéreurs et les vendeurs de biens, 89% des actes authentiques étant reportés, et allait asphyxier financièrement les agences immobilières.
En revanche, il était très important comme le soulignait la ministre de la justice Nicole Belloubet, que la mise en œuvre d'un dispositif de signature à distance soit suffisamment encadrée pour « préserver l’authenticité de l’acte et donc la sécurité juridique qui y est attachée ».
C’est à priori chose faite comme le précise Jean-François Humbert, président du Conseil supérieur du notariat (CSN) qui confirme que ce décret va clairement faciliter les choses dans le contexte actuel tout en garantissant « les impératifs de sécurité dans la création de l’acte authentique ».
Comment va se passer la signature à distance de votre vente immobilière chez votre notaire ?
Le décret du 3 avril va permettre aux notaires « d’établir un acte notarié sur support électronique lorsqu’une ou toutes les parties ou toute autre personne concourant à l’acte ne sont ni présentes ni représentées ».
Qu’est-ce que cela change puisque la signature électronique des actes était déjà disponible dans un certain nombre d’études notariales ? En effet, si la signature électronique était déjà accessible et pratiquée elle était en revanche soumise à des contraintes comme la signature d’une procuration qui est aujourd’hui impossible à obtenir en raison du confinement.
Depuis la signature du décret, le notaire peut donc, « par dérogation aux dispositions de l’article 20 du décret du 26 novembre 1971, établir un acte notarié sur support électronique lorsqu’une ou toutes les parties ou toute autre personne concourant à l’acte ne sont ni présentes ni représentées ». Le notaire pourra procéder la signature à distance en recueillant le consentement des parties par voie dématérialisée, par un système de communication à distance qui garantira à la fois l’identification des parties et l’intégrité et la confidentialité du contenu de l’acte.
Si ce décret à une durée de vie limitée puisqu’il est valable jusqu’à l’expiration d’un délai d’un mois à compter de la cessation de l’état d’urgence sanitaire, on peut penser à terme qu’il fera évoluer les choses en matière de signature d’acte notariés.
Est-ce que tous les notaires sont en capacité de mettre en place la signature à distance dès maintenant ?
A l’heure actuelle, environ 40% des offices nationaux sont équipés d’une installation de visioconférence. Le Conseil National du Notariat préconise donc à la mutualisation des équipements et préconise que les notaires détenteurs d’un équipement de visioconférence le mettre à disposition des notaires non équipé « sans déplacement physique de quiconque ».
Par ailleurs, les Services de publicité foncière sont en principe de nouveau ouverts alors qu’ils étaient largement fermés depuis le début du confinement.
Tout est donc globalement en place même si la finalisation des ventes restera complexe par exemple en raison de l’interdiction d’effectuer les opérations de déménagement ; déménagement qui pourra toutefois être réalisé dès que la situation sera revenue à la normale.
Le plus simple est donc de prendre contact avec votre notaire directement ou via votre agence immobilière si elle est ouverte pour qu’il puisse mettre en place cette signature électronique soit directement soit via un autre notaire s’il n’est pas équipé.
Cette signature nécessite toutefois que l’ensemble de l’acte ait été préparé et que les délais de rétractation et de préemption aient été purgés.
Et les délais de rétractation et de préemption ?
Si sur le plan technique et réglementaire les choses ont été réglées, il reste le problème de la purge des délais de rétractation et de préemption.
Concernant le délai de rétractation, tous les compromis de vente ou promesses de vente signés avant la période de confinement et dont le délai de rétractation n'était pas achevé au 12 mars 2020 sont concernés par l’
Ordonnance n°2020-306 du 25 mars 2020.
Cette ordonnance prévoit que le délai de rétractation de 10 jours repartira à zéro un mois après la fin de la crise sanitaire. A titre d’exemple, si la crise sanitaire se termine le 4 mai, le délai de rétractation courra jusqu'au 15 juin soit 10 jours après le délai d’un mois soit le 4 juin.
Concernant le délai de préemption de la mairie, qui permet à la mairie pendant une période de 2 mois de préempter le bien, l'ordonnance du 25 mars prolonge leur droit de préemption.
Même si cette mesure est susceptible d’évoluer, la règle est la suivante : si la demande de préemption a été déposée avant le début de l'état d'urgence, le délai de préemption est simplement suspendu. S'il a été déposé après, il repartira de zéro pour deux mois après la fin de l'état d'urgence.
Ces mesures ne conviennent évidemment pas à la FNAIM et à son président Jean-Marc Torrollion qui considère que cette mesure aggrave la situation du marché immobilier et « qu’il faut, au contraire, réduire les délais de purge des différents recours susceptibles de bloquer une transaction. Sinon, un stock d’actes représentant 400 millions d’euros de chiffre d’affaires ne pourra pas être signé avant le 25 août. »
Pour ce qui est des conditions suspensives liées à l’obtention d’un financement rien ne change pour le moment si ce n’est que l’on peut craindre un rallongement des délais d’obtention des prêts par les banques.
En conclusion, d’un point de vue réglementaire et technique tout est en place pour que les ventes puissent être menées à leur terme au moins pour celle dont les délais de rétractation ou de préemption sont purgés et l’ensemble des pièces disponibles.
Cela signifie toutefois qu’un nombre important de vente sont encore pour le moment bloquées et que l’on peut craindre des délais importants à la fin du confinement en raison de l’encombrement crée par ces nombreuses semaines d’inactivité.